Les Merveilles
Grand prix du dernier festival de Cannes, "Les Merveilles" d'Alice Rohrwacher est un film étrange et poétique. Quelque part au bord de la mer en Ombrie, une ferme délabrée où vit une famille nombreuse. Le père, allemand, est un homme rude et désabusé qui tente de réaliser son rêve écologiste et autarcique en vendant son miel. Sa femme et ses quatre filles sont soumises au joug colérique de Wolfgang, bon bougre finalement et capable de se ruiner pour ses filles en leur offrant un chameau qui ne sert à rien. Par hasard, la famille se retrouve au cœur d’un tournage télé, orchestré par une fée (Monica Bellucci) qui les entraînera dans une télé-réalité où des artisans locaux doivent vanter leurs productions pour remporter une valise de billets. La réalisatrice s'attarde sur l'aînée des filles, Gelsomina, adolescente timide. C'est la préférée du père, celle à qui il demande le plus pour l'aider dans l’exploitation apicole qui les fait vivoter. Cette petite chef de famille n’a pas le droit à l’insouciance de l’adolescence et à la paresse. Privée de tous les plaisirs de son âge, son regard est trop sérieux, déjà fatigué et triste. Trop aimée par ce père, et donc mal aimée, elle a des envies d'ailleurs… L’ogre-père devra pourtant accepter que sa petite fille devienne une jeune femme et parte un jour du cocon familial. Un film maladroit, mais à la poésie à fleur de peau (comme lorsque les filles boivent des rayons de soleil, ou quand Gelsomina fait sortir des abeilles de sa bouche).
Ceci n'est pas l'affiche française, mais l'italienne, plus poétique…