Momo et Aliénor

6 novembre 2014

Deux petites lectures d'octobre. Tout d'abord "La vie devant soi" de Romain Gary, prix Goncourt 1975, que je n'avais jamais lu (vieux motard que jamais ;-). Ma copine Martine m'avait dit que c'était un de ses livres préférés. Je comprends pourquoi : c'est génial. C'est l'histoire de Momo, petit garçon arabe qui vit chez madame Rosa, une vieille juive qui garde les enfants de prostituées. Plus personne ne paie pour la garde de Momo, mais Madame Rosa s'est attachée…Cette maman d'adoption de Momo est malade, elle va mourir et il va l'aider jusqu'au bout. Romain Gary réussit l'exploit d'aborder un sujet grave en nous faisant sourire. Les personnages du livre sont hauts en couleur : N'da Amédée, "proxynete" illettré le mieux sapé de Paname ; Monsieur Hamil, ancien vendeur de tapis fan de Victor Hugo, sans oublier Madame Lola ancien champion de boxe au Sénégal reconvertie en travestie au Bois de Boulogne. Et bien sûr, il y a Momo dont on ne connaît pas bien l'âge, gamin ballotté dans un monde d'adultes. J'ai adoré la façon de parler de Momo, avec ses amalgames, ses mots décalés, qui ont parfois plus de sens que les vrais… Malgré son jeune âge, Momo réflechit beaucoup au sens de la vie, et à la dignité dans la mort. On sourit et on est ému.
Et puis, j'ai emprunté à la bibliothèque "Le Roi disait que j'étais diable" de Clara Dupont-Monot. C'est le premier livre de la chroniqueuse de France Inter que je lis et j'ai été très agréablement surprise. J'ai vraiment beaucoup aimé. L'auteur romance la relation entre Aliénor d'Aquitaine et son premier mari Louis VII. Celle qui sera deux fois reine, est mariée à 15 ans. Elle a déjà beaucoup de tempérament et n'a rien de commun avec son mari qui tombe fou amoureux d'elle. Les faits relatés dans le livre sont avérés par les historiens, mais Clara Dupont-Monod invente une sorte de dialogue intérieur entre les deux époux que tout oppose. Aliénor aime les arts, les chansons, les troubadours, la guerre, le sang et le pouvoir… Louis VII, qui voulait devenir prêtre, est pieux, timide, introverti et préfère le dialogue au combat. Elle le méprise autant qu'il l'adore. La parole est donnée à tour de rôle aux deux époux, et c'est très bien écrit… Clara Dupont-Monod n'essaie pas de rendre Aliénor très aimable et on en vient à ressentir de l'empathie pour le pathétique Louis VII. Dans une sorte d'épilogue, c'est l'oncle d'Aliénor qui prend la parole pour nous conter les dernières années du couple avant l'annulation de leur mariage. Cela m'a un peu frustrée : j'ai trouvé le roman trop court et j'aurais aimé qu'elle garde le même mode de narration, le dialogue entre les époux, jusqu'à la fin. Je conseille vivement ce livre.